Une tranche de vie.
7h00: Pilotage automatique jusqu’à la salle de bain. Face au miroir, je mets du temps à me reconnaitre. Je me souviens, hier soir, j’ai pris 10 ans en une demi heure : J’ai coupé et teint mes cheveux en noir.
8h54: à la gare de Versailles, je fais la queue pour acheter des croissants. Cela fait deux jours que je suis en mode camouflage [ON] : Blagues, productivité croissante, minois en fleur (les cosmétiques font des miracles). Mais des que je me retrouve seule avec moi, je sens s’insinuer... Une phrase me sors de mes pensées : « Un pain au chocolat et un coca light s’il vous plait » Je ris « Je me sens moins seule à boire du coca light de bon matin. » Le jeune homme qui a fait cette curieuse commande se retourne. Il a de beaux yeux bleus et un joli sourire.
-Pas du tout, j’ai commandé un chocolat… Mais poursuivez ce régime, il a l’air de vous aller à ravir…
-Ah ! Je ris encore, en plus de boire des trucs bizarre, j’entends mal. Nous rions désormais de concert :
-Ca doit être votre seul défaut…
-(Mes défauts ? Par ou je commence ?..) Merci ! Bonne journée…
Ca serait arrivé y a 6 mois, j’aurais pisté ce mignon pendant une semaine au moins.
9h33: Je monte dans le bus, le chauffeur me dit que j’ai un ravissant sourire. Je le regarde comme s’il avait insulté ma mère.
9h45: j’arrive en retard, Mon ingénieur commercial, ma collègue et le nouveau de ma boite buguent sur ma dégaine : Cheveux courts noirs, jean, veste en cuir, yeux smoky. J’allume mon ordinateur, la machine à café, et attaque ma matinée.
12h30: ADMV et moi réglons les dernières formalités de rupture par mail: Les affaires/ dossiers/ argent à rendre. Je me fais violence pour garder les yeux secs. Il a effacé l’article que j’ai mis deux semaine à pondre et que je voulais poster a Ladies Room.Il a également effacé mon dossier de PDUC qui lui, prend des mois. Il dit qu’il avait « envie d’effacer un truc que tu avais mis du temps à construire » J’essaie de ne pas bouillir. L’ingénieur Co prend bonne notes de mes bons résultats depuis ces deux derniers jours. Le Blond se marre par texto « Ah ça, les ruptures, ça arrange bien les patrons ! » J’hésite à rire. Allez, si tiens.
17h12: Au téléphone avec un client quand mon esprit et mes yeux commencent à se brouiller. De pensées contreproductives. Je me recadre et poursuit « Oui Monsieur Chavignol ! J’attends votre bon de commande… »
17h27: Mes pensés contreproductives deviennent autodestructrices. Je file aux toilettes et remet deux mintues après le nez dans mon clavier.
20h13: J’ouvre la porte de chez moi. Le blond m’attend sur le canapé. Il essaie de me faire oublier en faisant le pitre, mais pour la première fois en deux mois de vie commune, je sature. Des mots raisonnent dans ma tête. Des mots trop durs pour ne pas fondre en larmes. Ceux d’ADMV. Ils s’insinuent et empoisonnent toutes mes tentatives de réflexion. Je regrette d’habiter au rez de chaussé.
21h00: Je peux plus, je m’excuse auprès du blond : J’ai envie de fuir la maison. D’ailleurs, c’est ce que je fais. J’appelle Brad et Jason et décide de dormir dehors. Le Blond boude. Je suis désolée, j’étouffe. Je passe devant le miroir. J’ai vraiment pas l’air d’une fille qui a fini son week-end avec une joue rouge sur le bord de la route a 40 KM de la gare la plus proche (au passage merci Navie et le Prince ). Quand je me sentirai de le faire, je vous raconterai ce qui c’est passé.
1h00: Chez Brad et Jason. Discussion sur la vie sentimentale mouvementée de Jason : Il a rencontré une fille en afterwork et même si elle ne ressemble pas du tout à l’idée du genre de fille qui lui plait, il nous fait une petite fixette. Je lui conseille de laisser libre court à ses sentiments et de tenter le coup. Il me dit qu’il me trouve « cool, comme nana. Jamais en colère, toujours de bonne humeur…. »
J’explose de rire. Un rire frais, un rire de fille épanouie, un rire de Pub pour ricorée. Un rire qui ment tout seul alors que je lui ai rien demandé.
-Ah, Jason…. Tu me connais tellement pas….
J’ai peur du jour ou je vais me retrouver seule pour réfléchir….
PS : A l’heure ou j’écris ces lignes, j’ai effectivement explosé. C’était nécessaire. Je peux désormais passer à autre chose. A suivre au prochain épisode "Black Out"